La 10eme Conference des Ambassadeurs
Discours de S.E.M Paul TOUNGUI, Ministre des Affaires Etrangeres , a l'occasion de la 10eme Conference des Ambassadeurs
Date: 07/09/11
Lieu: Libreville
Année : 2011
Lieu : Libreville (Cité de la Démocratie)
Date : 11 Juillet 2011
ALLOCUTION DE S.E.M PAUL TOUNGUI,
MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES, DE LA COOPERATION INTERNATIONALE ET DE LA FRANCOPHONIE
A L'OCCASION DE LA Xème CONFERENCE DES AMBASSADEURS
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Distingues invites,
Mesdames et Messieurs,
En prenant la parole à l'entame de cette Xème Conférence des Ambassadeurs, je voudrais tout d'abord me réjouir de l'opportunité de cet événement qui intervient à un moment de singulière effervescence d'idées et d?actions dans le monde qui, en même temps, est un moment de reformes et d'ambitions pour notre pays.
Je voudrais surtout me réjouir de la vision rénovée et de la clarté du cadrage imprimé ce matin, par le Chef de l'Etat, Son Excellence Monsieur Ali BONGO ONDIMBA, qui, si opportunément, appelle a plus d'audace et a plus de cohérence dans notre action internationale; et martèle à chacun de nous, que rien ne sera plus comme avant.
Dans l'émotion de ces moments de retrouvailles, dans l'engouement de ces agapes fraternelles de la famille diplomatique, je ne peux m'empêcher d'avoir une pensée pour ceux qui nous ont quittés dans l'intervalle de nos conférences. Permettez-moi de saluer la mémoire des vaillants ambassadeurs qui ont tirés leurs révérences, armes aux poings. L?Ambassadeur Denis DANGUE REWAKA, l'Ambassadeur John BIBIGAS, ont été des serviteurs dévoués de la patrie. En cet instant solennel, je leur rends hommage.
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Nous traversons une période charnière de l'histoire du monde. Les bouleversements récents qui ont eu pour épic entre l?Afrique du Nord, scandent la soif de changement et de progrès des peuples de toutes nations qui exigent non seulement une réforme de la gouvernance interne pour plus de liberté, de justice et de bien-être, mais aussi une reforme de la gouvernance internationale pour plus de démocratie et de solidarité.
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Face à l'extrême pauvreté et au fosse d'inégalités exacerbées par la mondialisation. Face aux ravages causes par le VIH/SIDA, la tuberculose et le paludisme. Face au terrorisme, a la criminalité transnationale, au trafic des stupéfiants, au trafic des personnes à des fins d'exploitation ou à la corruption.
Face à ces nombreuses menaces et défis, notre approche doit résulter d'une matrice de valeurs et de projections rationnelles. Et l'écho de notre voix doit retentir de façon crédible et cohérente.
Les lignes directrices sur les questions saillantes de l'agenda international qu'il m'a été donne de destiner a nos Missions du multilatéral en janvier 2010, procèdent de cette perception.
Elles puisent leur source dans la vision déclinée par le Chef de l'Etat et ont vocation a être un repère ou une feuille de route dont la flexibilité dépendra des vicissitudes dans l'intervalle de nos conférences du milieu international ou de l'évolution de nos intérêts.
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Notre diplomatie se doit de parler d'une même voix. Je dis bien d'une même voix et pas forcément d'une seule voix. La diplomatie ne peut pas être une tribune ni pour les états d'âme, ni l'expression d'opinions personnelles ou partisanes.
A cet effet, chaque fois que vous aurez des appréhensions sur vos certitudes, à chaque circonstance nouvelle, je vous exhorte à requérir les instructions des autorités dument habilitées en particulier, celles du Ministère des Affaires Etrangères. Vous y trouverez toujours une oreille attentive et des interlocuteurs fiables.
Le recours au Ministère des Affaires Etrangères est votre canal agrée d'informations relevant de l'activité diplomatique. Ce n'est ni une option, ni une forme d'allégeance à un individu. C'est un gage de cohérence et de visibilité de notre action, qui nous permet de parler de la même voix.
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
L'activité dans les services extérieurs et dans les services centraux fait partie de la carrière diplomatique. Vous êtes appelés à servir alternativement à la centrale et à l'étranger selon le principe de
Rotation établi qui de plus en plus fera 1'objet d'un respect scrupuleux. Le rappel à servir le pays au pays n'est pas une sanction et ne doit en aucun moment être une source de démotivation.
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Sur la dictée du contexte régional et global, notre action internationale a été focalisée sur la recherche de la paix et de la stabilité dans les différents foyers de tension autour de nous.
Cet engagement méritoire, qui fonde notre réputation de pays de paix, nous vaut encore aujourd'hui la reconnaissance du monde en tirer et contribuer à nous dresser comme un interlocuteur crédible sur la scène internationale.
Aujourd'hui, l?extinction de nombreux champs de belligérance dans le continent et les progrès enregistrent dans la plupart des foyers d'instabilité dans la sous région d'Afrique Centrale, nous confortent sur l?efficacité de notre engagement au service de la paix.
11 nous faut néanmoins poursuivre nos efforts dans le sens de la consolidation de la paix, mais surtout de 1'action préventive.
C'est dans cet élan que le Président Ali BONGO ONDIMBA, lors d'une conférence à I? université de Princeton à New York, en mars 2010, célébrait les vertus de l'alerte en tant que mode privilégié de prévention des conflits et a appelé a sa systématisation a l'echel1e universelle.
Force est de constater que l'architecture de paix et de sécurité en Afrique centrale est manifestement plus hardie et plus épaisse en matière de diplomatie préventive.
Outre le Mécanisme d'Alerte Rapide d?Afrique Centrale (MARAC) que notre pays abrite, les Nations Unies ont récemment choisi Libreville pour abriter leur Bureau Régional pour l?Afrique Centrale.
Ragaillardi par le choix de notre pays, qui a nos yeux, est une marque de reconnaissance de la communauté internationale pour notre rôle dans la recherche de la paix, il nous est désormais aise d'alléger le fardeau de notre investissement humain au service de la sécurité sous régionale, notamment en Centrafrique ou la Mission de nos troupes est parfaitement accomplie.
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Les sept cent (700) premiers jours de magistère du Chef de l'Etat Ali BONGO ONDIMBA ont particulièrement été denses et intenses en activité diplomatique.
Au plan multilatéral, nous siégeons depuis le 1er janvier 2010, au Conseil de Sécurité des Nations Unies que nous avons présidé à deux reprises de manière fort remarquable. Dans notre attitude et dans nos différentes prises de position sur les questions de l'agenda international, nous avons su peser de tout notre poids dans le cours des événements mondiaux.
Notre présence au Conseil de Sécurité a également été une opportunité mise à profit, pour renforcer nos relations bilatérales avec les principaux centres de décisions mondiales, créant ainsi les conditions d'une expansion des échanges économiques avec ces grandes places d'affaires.
A la tribune de 1'Assemblée générale des Nations Unies, en septembre 2010, le Président Ali BONGO ONDIMBA, s'est fait l'apôtre d'un nouvel ordre et d'une gouvernance globale plus démocratique et plus juste.
Cependant, le couronnement de notre action à l'échelle multilatérale demeure l'adoption, à l'initiative de notre pays, de la résolution du Conseil de Sécurité relative à l'impact du VIH/ Sida sur la sécurité internationale.
Un autre coup d?éclat à l'actif de notre diplomatie est l?adoption, par 1'Assemblée générale des Nations Unies, de la Résolution instituant la journée internationale des veuves, sous 1'inspiration éclairée de la Première Dame, Sylvia BONGO ONDIMBA.
La diplomatie verte n'a pas été en reste. De Londres à Copenhague, de Nagoya à Brazzaville, nous avons pris conscience qu'il ne peut y avoir de Gabon vert sans un ancrage résolu dans la stratégie internationale de valorisation du potentiel environnemental et de lutte contre les changements climatiques.
Le Sommet de Copenhague en 2009, aura été une étape cruciale dans 1'amplification de notre rôle central dans l'équilibre de la planète dans le domaine de l?environnement.
Sur le plan régional, en coprésidant le Sommet Afrique-Europe tenu a Tripoli le 29 novembre 2010 ; et en participant activement aux Sommets successifs de I? Union Africaine à I?ampala en juillet 2010, Addis Abeba en janvier puis en Mai 2011 et à Malabo en juin 2011, le Président de la République a maintenu audible la voix du Gabon, en exprimant son attachement à l'unité du Continent, sans aliéner notre liberté, notre indépendance et notre droit à la différence.
Sur le plan communautaire, convaincu que l?ouverture des vastes marches est un facteur d'attrait de l'investissement étranger, nous continuons à travailler avec les autres pays de la sous région pour le renforcement du processus d'intégration. Ainsi, a Brazzaville, nous avons pris une série de décisions visant à hâter la mise en place de la Compagnie aérienne Air CEMAC et l'accélération de la mise en circulation du passeport communautaire.
Au plan bilatéral, la carte des visites internationales effectuées par le Chef de l'Etat révèle notre double volonté de renforcer nos relations avec les partenaires traditionnels d'une part, et de développer des ponts de coopération avec de nouveaux partenaires stratégiques, dans l'objectif d'alimenter le projet du Gabon émergent d'autre part.
- Avec le Président SARKOZY, trois fois à Paris, puis à Libreville,
- Avec le Président Barak 0BAMA à Washington, avec le Président Hu JIN TAO à Pékin.
De même, à Tokyo, Seoul, Singapour, Rome, Lis bonne ou à la Cite du Vatican. Chacune de ces étapes a été une opportunité et une tribune fertile pour l'expression de notre diplomatie d'affaires.
Au-delà de la coopération transatlantique et trans-pacifique, le partenariat intra africain augure de belles perspectives : Avec le Maroc, l'Afrique du Sud, le Nigeria, le Cameroun, le Congo, la Guinée-Equatoriale, Sao Tome et Principe, la Cote d'voire, le Sénégal, le Burkina Faso, le Benin, le Togo, la Guinée, le Rwanda, le Swaziland, d'innombrables projets d'une coopération Gagnante sont en phase d'incubation.
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Si l'une des vocations de la diplomatie est de promouvoir les bonnes relations entre nations, elle a aussi pour rôle de contribuer à préserver l'intégrité du territoire national. C'est le lieu pour moi de requérir toute votre vigilance pour suivre attentivement l'évolution de nos relations avec les pays voisins du premier cercle concentrique. Au titre des développements récents :
Avec la Guinée Equatoriale, nous sommes engages depuis plusieurs années dans une médiation sous l' égide du Secrétaire Général des Nations Unies pour trouver un règlement pacifique au différend frontalier qui oppose nos deux pays s'agissant de la reconnaissance de nos frontières terrestre et maritime et la souveraineté sur les lies de Mbanie, de Conga et Cocotier.
L'objectif de la médiation en cours est de parvenir à un compromis en vue de la soumission du différend à la Cour Internationale de Justice de La Haye.
Avec le Congo, nous avons entame depuis le 1er février 2010, un processus de réexamen du statut des refugies et demandeurs d'asile devant aboutir à la cessation du statut, en conformité avec nos engagements internationaux. Dans un délai qui expire au 31 juillet 2011, fixe en concertation avec le Congo et le HCR, nous avons demande aux neuf mille (9000) réfugiés et demandeurs d'asile congolais vivant au Gabon, de retourner volontairement dans leur pays ou, a défaut, de régulariser leur séjour au Gabon en qualité de migrant.
Avec le Cameroun, le déguerpissement récent, par nos forces de défense, des trafiquants se livrant au pillage des mines d'or et au braconnage sauvage d?espèces de faune protégées à l'intérieur du parc national de Minkebe, a entrainé un exode massif de milliers de personnes vers les villes frontalières du Cameroun. Certaines informations erronées ont été véhiculées mais Dieu merci, celles-ci ont rapidement été dissipées au contact de la réalité des faits. En définitive, la sagesse des dirigeants de nos deux pays a permis d'écarter tout malentendu.
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,Comme l'a dit le Chef de l'Etat ce marin, nous connaissons vos conditions de travail. Elles sont bien meilleures que celles de vos collègues des services centraux qui, au quotidien, sont à l'épreuve des escaliers et de la chaleur d'un bâtiment vétuste ou même la maintenance devient problématique. Cette question
Préoccupante tend d'ailleurs a devenir le tendon d'Achille d'une administration, vitrine de notre pays.Quoi qu'il en soit, nous continuons à travailler pour l'amélioration de vos conditions de vie ainsi que de l'outil diplomatique. L?élaboration d'un nouveau projet de texte organique du Ministère et l'actualisation en cours du statut particulier des fonctionnaires du secteur diplomatie, relèvent de cette volonte qui m'anime sous la dictée du chef de l'Etat, de doter notre diplomatie d'un cadre adapte aux réalités de son temps et de maintenir le personnel en état de motivation.
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
La trajectoire de notre destin en tant que nation dans le monde est entre vos mains.
Selon que vous ferez preuve de hardiesse ou de mollesse, notre pays sera, soit acteur a part entière de la scène internationale, soit un simple enjeu des puissances étrangères.
Pour ma part, faisant mien l'appel du président Ali BONGO ONDIMBA ce matin, je vous exhorte à faire preuve davantage d'audace et de cohérence dans votre action. ]?Attends beaucoup des assises de cette 10eme Conférence des Ambassadeurs et je souhaite plein succès à vos travaux.Je vous remercie.